1. Le déclin de l’odorat avec l’âge
Physiologie : À partir de 60 ans, beaucoup de personnes constatent une baisse de la sensibilité olfactive (presbyosmie), due à la dégénérescence des neurones olfactifs et à la diminution de la production de mucus nasal.
Cette perte est souvent sous-estimée, alors qu’elle a un impact réel sur la qualité de vie (perte d’appétit, isolement, troubles de la mémoire…)
2. Odeurs et mémoire chez les personnes âgées
Les odeurs sont des clés puissantes d’accès à la mémoire émotionnelle (phénomène Proustien).
En maison de retraite ou en gériatrie, proposer des stimulations olfactives peut raviver des souvenirs enfouis, renforcer l’identité, apaiser des angoisses ou encourager la parole.
C’est un outil non verbal précieux auprès de personnes atteintes d’Alzheimer ou de maladies neurodégénératives.
3. L’olfactologie comme soin de soi et de l’âme
Offrir à une personne âgée un parfum familier, une huile essentielle douce, ou la senteur de son jardin d’enfance, c’est lui rendre un morceau d’elle-même.
Certaines huiles essentielles (comme la rose, le néroli, le bois de santal ou la lavande fine) peuvent :
Aider à apaiser les angoisses existentielles
Favoriser le sommeil
Soutenir un état d’être plus serein et centré
Réactiver la joie subtile du sensoriel, même en fin de vie
4. L’importance du toucher et du rituel olfactif
Associer les odeurs à un massage doux, une méditation guidée, une présence chaleureuse, transforme l’approche en un soin global.
Cela peut redonner une dignité, un plaisir sensoriel, un lien au monde à des personnes en perte de repères.
Quand l’odeur d’un souvenir ravive une vie : l’histoire de Rolande
C’était un après-midi d’hiver. Nous intervenions dans un service de gériatrie, à l’hôpital, pour animer un atelier olfactif.
Elles étaient cinq femmes, assises en cercle, silencieuses ou légèrement absentes. J’étais accompagnée par une olfactologue référente, une femme d’expérience et d’une grande finesse de cœur.
Nous faisions sentir différentes huiles essentielles. Une à une, les participantes réagissaient, parfois par un mot, un sourire, une grimace. Sauf Rolande.
Rolande restait là, droite, le regard figé, muette.
Sur son col, un détail attirait l’attention : un petit pin’s en forme de fer à cheval.
Ma collègue le remarque, s’approche doucement, et lui dit :
— Ce petit fer à cheval est ravissant… Vous aimez les chevaux ?
Un éclair passe dans le regard de Rolande. Une lueur, fugace, mais bien là.
La séance s’arrête peu après, mais quelque chose a été frôlé.
Touchées par cette brève étincelle, nous allons nous renseigner auprès du personnel soignant.
On nous apprend que Rolande a été placée en EHPAD à la suite d’un AVC, et que depuis, elle ne parle presque plus.
Une soignante nous glisse :
-" Vous devriez rencontrer ses enfants."
Ce que nous faisons. Et c’est là que l’histoire se dévoile.
Dans sa jeunesse, Rolande était cavalière de haut niveau, elle participait à des compétitions équestres.
C’était sa passion, sa vie.
Mais une chute brutale mit fin à tout cela. Elle dut arrêter la compétition.
Ce fut un drame silencieux, jamais vraiment surmonté.
Quinze jours plus tard, nous revenons dans le même service.
Ma collègue, elle-même cavalière, arrive avec des objets bien particuliers : des brosses, des serviettes d’étrillage, des accessoires d’écurie, porteurs de senteurs uniques – cuir, crin, paille, sueur douce des chevaux.
Elle les tend à Rolande, sans un mot, juste à sentir.
Alors… un sourire naît. Puis une larme.
Et, contre toute attente, la parole revient.
Rolande commence à raconter. Son cheval. Ses victoires. Sa chute. La douleur. Et l’amour toujours vivant.
Ce jour-là, j’ai vu et senti à quel point une odeur peut raviver l’être profond, réanimer des pans entiers de vie figés dans le silence.
L’olfactologie, ici, n’était pas une technique. C’était un acte de reconnaissance. Un geste de mémoire. Une poignée tendue vers ce qui reste vivant, même enfoui.
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